Dieu, la science-les preuves
Le livre Dieu – La science – Les preuves écrit par Miche-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies est un livre théologique nouvelle génération. Il clame présenter des preuves de la science sur l’existence de Dieu. Mais quelles sont précisément les caractéristiques de Dieu présentées dans ce livre ?
Nous y trouvons plusieurs avis mis sur le même plan, déistes, théistes, religieux énoncés par des scientifiques. C’est donc une définition d’un Dieu composite, mélangé des croyances de chacun. Force est de constater que cela peut alors satisfaire lepublic ayant par individu des options différentes (voir floue) sur Dieu.Déjà, les auteurs jouent sur une ambivalence sémantique du mot preuve. Celle-ci peut signifier tout aussi bien une preuve scientifique démontrée et quantifiée, qu’une preuve par résultat syllogique. Les paralogismes “Si l’Univers a un début, c’est qu’il a été créé donc Dieu a créé l’univers”, “Si l’univers à une fin, c’est qu’il a un objectif donc Dieu a un plan.” résument à eux-seul le livre.
Allant même plus loin, le livre propose des preuves hors science par d’autres enquêtes rationnelles sur la question de l’existence de Dieu…’ (page 320). Cette thèse disqualifie le livre de toute prétention à respecter ce qu’est la science. Pourtant, les auteurs en prennent le risque afin d’amener le lecteur à une définition plus précise de Dieu. Ils ont été aidés par une équipe de scientifiques porté sur la religion chrétienne, certains sont des religieux. Ils collaborent entre eux afin d’articuler la logique du livre vers une forme d’interprétation des théories scientifiques. Certains d’entre eux sont ouvertement controversés pour leur position flirtant avec le créationnisme. Cela ne fait pas secret, il y a un parti pris dès le départ pour orienter la pensée vers une seule conclusion artificielle : Dieu existe et il est logiquement chrétien. Voilà qui le définit.
Lorsque le sujet des preuves scientifiques est abordé, il est entièrement biaisé par l’orientation d’affirmations périmées et outrancières. Sa prise de position sur la théorie du Big Bang, en se focalisant sur la fausse idée qu’il serait l’instant initial de la création de l’univers à partir du néant, est totalement dépassée par la science actuelle. Il ampute le Big Bang des modèles tel que l’univers éternel, l’univers à rebond ou l’univers à cordes. Ceux-ci présentent un univers où le néant n’existe pas et où la manifestation du Big Bang est consécutive à un processus interne à l’univers lui-même.
Afin d’accroître la conviction du lecteur en l’existence de Dieu, Il leur est proposé de lire des témoignages ciblés de célèbres scientifiques qui avaient une croyance en Dieu. La manœuvre est simple mais psychologiquement efficace. Si d’immenses scientifiques croient en l’existence de Dieu, c’est qu’il s’agit d’une preuve fournie par leur intelligence extraordinaire.
La catégorie de preuves la plus anti-scientifique possible vient de leur interprétation de la Bible, de Jésus et du destin supposé hors du commun du peuple juif élu de Dieu. Cette théologie du 21ème siècle, sans complexe et même avec aplomb, n’hésite pas à présenter des pseudo-arguments contre les athées et les matérialistes, se permettant même de leur faire la leçon sur l’utilisation correcte de la rationalité.
L’intérêt du livre se trouve ailleurs que dans sa thèse ou sa logique de théologie pseudo scientifique. Dans l’univers des croyances, les tentations d’utiliser des méthodes de persuasion équivalentes sont également rédhibitoires. Des mouvements massifs de croyants aux mondes invisibles fourmillent d’explications fallacieuses mêlant science et croyance. A ce titre, le livre est l’exemple même de ce qu’il faut absolument éviter à produire dans les recherches sur l’occulte.
L’occultologie s’inscrit donc dans l’exclusif principe qu’il n’y a de preuves scientifiques que par la science. Il n’y a aucun rapport idéologique et aucun malentendu à tolérer avec les acteurs formant l’occultisme qui useraient des procédés analogues au livre pour prouver une chose qui est mal interrogée.